Bergerac - 20070603 - Messe (Amitié)

Marc l’ancien avait ouvert en grand les portes de l’église.

Après tout le ménage fait ce matin, et Dieu que c’est grand une église, aérons bien !

Il attendait sur le seuil en saluant les fidèles et en interpelant gentiment les passants afin que nul n’oublie l’importance de la messe pour notre Salut.


En ce premier dimanche de juin, il était de plus en plus tendu. Sa première messe ! La peur de mal faire l’étreignait et il escomptait l’indulgence des fidèles.

L’heure arrive. Les cloches se mettent à sonner.



((((DING)))) ((((DANG)))) ((((DONG))))

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Marc quitte le seuil de l’église pour rejoindre le cœur et se tourne vers l’assemblée.

Bonjour à tous mes frères et sœurs.

Comme vous le savez sans doute je viens d’être nommé diacre de Bergerac et c’est avec beaucoup de plaisir et un brin d’inquiétude que je vais célébrer ce jour ma première messe.

Ayons une pensée pour notre abbesse Lasardine qui ne peut être avec nous ces temps ci et pour Flex, qui est toujours notre diacre et que je vais remplacer de mon mieux.

Certains vont ce dire « deux diacres ? » Et oui, avouez que c’est mieux que pas du tout !

Je vous invite à partager ce moment de recueillement et de joie qu’est la messe du dimanche, et ce le plus régulièrement possible : votre humeur ne s’en portera que mieux et Le Très Haut récompensera votre piété qu’il observe attentivement.

Tout d’abord je vous demande, tous ensemble, de proclamer votre foi en récitant le credo :

Citation :

Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotelicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Eternelle.

AMEN

Prions pour notre Roi, pour notre évêque Sednax, pour notre comte Dyonisos, pour notre abbesse Lasardine et tous ceux qui sont dans le besoin ou dans la peine.

Prions pour le défunt Cardinal camerlingue Lorgol, qui est mort cette semaine à Rome après une longue vie consacrée à Dieu et à Son église.

Profitant de cet instant de recueillement, Marc regarda plus attentivement l’assistance…

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Marc voyait que l’assistance participait activement à la cérémonie. Niknaz s’était installée à coté de Garel. Il avait même entraperçu Theking passant la tête à la porte ! Il commença à se détendre puis il prit son souffle pour entamer la partie la plus délicate : l’homélie.

Mes frères et sœurs, mes amis, je vais vous parler aujourd’hui de l’amitié. L’amitié, cette vertu essentielle sans laquelle aucune vie en société ne saurait être ... vivable.

Ecoutons Saint-Georges quand il dit à la vieille femme :

Citation :

“Quand il n’y a plus d’espoir, il reste toujours l’amitié.”

puis au soldat :

Citation :

"En vérité, je te le dis, quiconque vit pour les biens matériels, au détriment de l'amitié que tout enfant de Dieu se doit de porter à ses semblables, ne mérite aucune confiance. Au lieu de tuer pour défendre l'avarice d'un tel homme, prends ces richesses que tu foules du pied et donne-les à ceux qui en ont véritablement besoin. Dieu a créé ces biens pour que toutes Ses créatures puissent y trouver de quoi vivre à l'abri du besoin, pas pour qu'un seul en jouisse plus qu'aucun autre."

et

Citation :

"Pourquoi vouloir frapper cette femme? Alors que les riches seigneurs de Mari vous ont gardé par devers eux d'innombrables richesses, elle vous a offert tout ce qu'elle possédait. Tu te moques de son don, mais elle a donné de son essentiel alors qu'eux ne vous ont laissé que de leur superflu. Prenez ces quelques grains de blé et emportez-les avec vous: ils vous sembleront bien lourd au coeur de l'Enfer lunaire".

Lisons le Livre des vertus. Aristote nous guide sur le chemin de l’amitié. Partageons cet extrait de son dialogue avec Polyphilos et son fils Eumónos:

Citation :

Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas d'amitié possible entre personnes par trop inégales.

Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.

Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.

Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme. L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié permet les relations sociales et l'Humain peut alors prendre part dans les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.

Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?

Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et sur qui vous pouvez compter.

Mes frères, dans notre commune, dans notre comté, chérissons l’amitié. Repoussons l’avarice. Aidons nous les uns les autres.

Chérissons le débat car c’est amitié que de partager des avis. Evitons la polémique et plus encore l’insulte qui dévoie le débat. Que ceux qui se sentent concernés par mes propos pensent à leur salut...

Je tiens tout particulièrement nobles, artisans et paysans, à vous inciter à l’amitié avec les vagabonds. Dans l’esprit des paroles d’Aristote offrez leur votre savoir, votre expérience, vos conseils, ils vous le rendront par la dynamique qu’ils insufflent à notre ville, par leurs idées nouvelles. N’hésitez plus… parrainez !

Marc était parti mais on lui avait dit de faire court… difficile pour un bavard !

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Maintenant mes frères et sœurs, communions ensemble.

Marc se plaça derrière l’autel et se saisit de la coupe qu’il porta à ses lèvres. Il gouta, mais qui pouvait le savoir, le chouchen qu’il avait rapporté du couvent de Bruz.

Puis tout souriant il partagea l’hostie avec les fidèles qui venaient à lui.



Soit béni mon frère. Soit bénie ma sœur.


Avant de clore cette messe je voudrais que nous ayons une pensée reconnaissante pour Vlady, notre maire, et tous ceux (je ne mes citerai pas de peur d’en oublier) qui par leur travail, leurs actions font de Bergerac une ville où il fait bon vivre.


Je vous bénis au nom du Très-Haut, d’Aristote et de Christos. Amen.

Allez dans l’Amitié Aristotélicienne !!!

Marc était soulagé et plutôt content de lui. Il raccompagna les fidèles jusqu’au seuil de l’église. Il en profita pour saluer Theking. Puis il se dirigea vers la plus proche taverne. Bon Dieu que cela donne soif…